dimanche 4 décembre 2011

La SUDAC, un siècle d'air comprimé au bord de la Seine

L'arrière de l'ancienne usine, et le nouveau bâtiment conçu par Frédéric Borel
Pour prendre des leçons de construction industrielle, les étudiants de l’école nationale d’architecture Paris-Val de Seine n’ont qu’à lever les yeux de leurs manuels. Depuis avril 2007, ils sont installés dans l’une des usines les plus belles et les mieux conservées de la capitale, celle de la Société Urbaine d’Air Comprimé (SUDAC), quai Panhard-et-Levassor. Leur bibliothèque est logée dans l’ancienne grande halle, classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Longue de soixante-dix mètres, haute de vingt-trois, elle abritait les machines à vapeur. Impressionnante nef voûtée d’un seul berceau. Superbe ossature métallique remplie en brique vernissée polychrome et en verre. Les piles sont reliées entre elles par des poutres de métal placées en croix de Saint-André. Juste à côté, la cour de l’école est dominée par une cheminée monumentale en brique rouge de 46 mètres, frappée à mi-hauteur d’une date : 1890.

L'usine SUDAC vue par Tardi
(Brouillard au Pont de Tolbiac)
La fin du XIXe siècle connut une compétition aujourd’hui oubliée entre deux modes de transport de l’énergie, l’électricité et l’air comprimé. On sait lequel l’emporta, et haut la main. Mais à l’époque, les jeux ne sont pas faits, notamment à Paris. En matière d’éclairage, bien-sûr, la fée électricité paraît sans rival – encore que l’un des premiers clients de l’entreprise, dans les années 1885, soit le Café de Paris, avenue de l’Opéra, dont les 250 lampes à incandescence sont activées par un moteur à air comprimé... 

En revanche, pour donner la pression nécessaire aux ascenseurs hydrauliques, pomper des eaux usées, envoyer la bière de la cave au comptoir, actionner des scies, faire tourner les broyeuses et autres machines à tisser, coudre ou hacher, l’air comprimé dispose de solides atouts. « Il ne craint ni le froid, ni le feu, ni le contact. Il n’effraie personne; il est inoffensif », plaide l’ingénieur Joseph François en 1888. Et son prix est compétitif. 


Alors que plusieurs villes de province se dotent de réseaux électriques, Paris hésite donc. D’autant qu’après le gaz, l’eau et les omnibus, le conseil municipal n’a guère envie d’abandonner un nouveau service public à une entreprise privée qui risque d’en abuser, expliquent Tristan de la Broise et Florence Meffre dans leur très riche Histoire de la SUDAC (1996, document édité par l’entreprise).


Dans cette phase d’interrogations, un ingénieur venu de Vienne avec ses brevets, Victor Popp, réussit à jouer sur les deux tableaux. Il obtient en 1881 l’autorisation de monter un premier réseau d’air comprimé, et décroche dix ans plus tard une concession pour distribuer l’électricité dans un vaste secteur de la capitale. 

L’usine du quai de la gare (devenu quai Panhard-et-Levassor), bâtie sur les plans de Guy Le Bris et de Joseph Leclaire, constitue l’ultime vestige de cette aventure. C’était le vaisseau amiral de la société de Victor Popp. Une première unité, nettement plus petite, avait été inaugurée en 1880 au 7 rue Sainte-Anne, puis une autre sept ans plus tard rue Saint-Fargeau. Mais pour répondre à l’essor de son entreprise, Popp décide de construire quai de la gare une installation bien plus grande, avec quatre nefs : celle encore visible, plus trois autres, de moindre taille, remplacées en 1920 par un bâtiment en béton aujourd’hui disparu.



La cheminée de 1890
A l’origine, il s’agissait de produire de l’air comprimé uniquement pour faire fonctionner les horloges publiques, notamment celles des gares, en leur envoyant une pulsation toutes les minutes. L’air était comprimé par des machines à vapeur brûlant du charbon dans les trois usines de la société, puis expédié jusqu’aux horloges via des tuyaux posés dans les égoûts. Quand en septembre 1905, une explosion ravage « l’usine Popp », celle du quai de la gare, «quelques Parisiens, qui ont pour l’habitude de se fier, pour connaître l’heure, aux indications fournies par les cadrans des horloges pneumatiques placées aux carrefours, sont arrivés en retard à leurs rendez-vous. Les aiguilles marquaient obstinément 10 heures 20 », rapporte « La Presse » le lendemain.


Trop peu rentables, ces horloges seront arrêtées en 1927. Mais entre temps, la Compagnie des Horloges Pneumatiques, devenue la Compagnie parisienne de l’Air comprimé (CPAC), a trouvé de nouveaux débouchés, comme les ascenseurs hydrauliques et la petite industrie parisienne. En revanche, elle ne parviendra jamais à alimenter le réseau de pneumatiques des PTT, qui tiennent à fabriquer eux mêmes leur air comprimé.


A l'intérieur de l'usine, vers 1905 (http://www.bletteryjp.fr/lieux-divers/Paris-usine-air-comprime.html)
De l’éviction de Victor Popp dès 1892 à la fin des horloges, en passant par l’accident de 1905, la crue de 1910 qui inonde l’usine et la première guerre mondiale, la CPAC connaît son lot d’épreuves. Sans oublier l’arrêt forcé en 1914 de la très rentable production d’électricité, la ville de Paris regroupant toutes les activités de ce type dans une même entité dont la CPAC n’est plus qu’un actionnaire minoritaire.

L'entrée de l'école d'architecture
L’entreprise, rebaptisée SUDAC en 1949, surmonte cependant ces difficultés, en trouvant de nouvelles applications à l’air comprimé. Le nombre de ses abonnés à la force motrice atteint presque 10.000 au début des années 1960. Au cours de la décennie suivante, les dentistes se mettent à recourir massivement à ses services. 

Malgré tout, son heure de gloire est passée. Les clients industriels quittent un à un Paris, et les ventes déclinent inexorablement. Après avoir fermé son usine de la rue Leblanc, la SUDAC se résoud en 1994 à tirer un trait sur celle du quai de la gare, et stopper son réseau de distribution d’air comprimé. Air Liquide reprend une partie des activités.


Plusieurs installations sont démolies en 1999, tandis que l’architecte Frédéric Borel construit un nouveau bâtiment de sept étages et réhabilite avec brio la halle centrale. Sur son fronton, les mots «SUDAC» et «Distribution d’air comprimé» sont toujours là.


La façade de l'usine, avec le logo SUDAC
L'intérieur de la grande halle transformée en bibliothèque
Le découpage de Paris entre la Sudac et les autres compagnies d'électricité (1889-1907)
Source: RTE 2012. 


A lire aussi, l'histoire de l'usine de la CPAC située dans les sous-sols de la Bourse du commerce.

A découvrir à proximité, les Grands moulins de Paris

3 commentaires:

  1. Il manque vraiment beaucoup de précisions dans ce document, l'est parisien était électrifié en courant biphasé 42hz, le secteur rive gauche était alimenté en monophasé 42hz, transformé ensuite en biphasé 42hz aussi. Les réseaux alternatifs sont passé à 50hz dans les années 30.

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