samedi 13 octobre 2012

Des lits Pardon au Marriott Saint-Jacques

7-19, boulevard Saint-Jacques
Métro: Saint-Jacques

95-97 avenue de Choisy
Métro: Tolbiac




Le treizième arrondissement, jusqu'à sa lisière avec le quatorzième, fut un haut lieu industriel. Quelques bâtiments ont survécu, comme ceux de la Sudac, des Grands Moulins de Paris ou de Panhard et Levassor. Beaucoup ont totalement disparu, notamment autour de la place d’Italie, remplacés par les grands immeubles et les tours qui ont poussé en masse dans les années 1960-1970. 

Publicité pour une "cheminée à feu continu"
Pardon, fabriquée boulevard Saint-Jacques
Témoins, les deux usines des lits Pardon. La plus ancienne était située entre les numéros 7 et 19 du boulevard Saint-Jacques, à l’emplacement d’une partie de l’ancienne Fosse aux Lions, une carrière à ciel ouvert devenue vers 1850 un refuge de pauvres gens. La manufacture "A. Pardon" ouvrit à la fin du dix-neuvième siècle. On y fabriquait des "lits en fer creux émaillés au feu", mais la gamme s’élargit peu à peu, allant des meubles en fer aux articles de jardin en passant par des urnes électorales, des appareils de chauffage et du matériel pour hôpitaux. 

Quelque 200 personnes travaillaient sur place vers 1905. Le site fut ensuite agrandi en récupérant des terrains rue Fergus. Une carte postale de l’époque montre le métro aérien et, derrière, une série de grandes halles industrielles ainsi que de plus petits bâtiments : l’"usine Pardon".

En 1914-1918, l’endroit devint une "usine de guerre". Son propriétaire afficha un avis manuscrit précisant ses états de service patriotiques : "M. Pardon est de la classe 1885, a fait son service au 76e d’infanterie", indiquait-il notamment. L’usine sortit indemne du conflit.

A la place de la fabrique de lits métalliques trône aujourd’hui un hôtel de luxe, l’ex-PLM Saint Jacques devenu Marriott, construit en 1969 par l’architecte Pierre Giudicelli. 

L'hôtel Marriott aujourd'hui
Derrière le métro aérien, le Marriott a remplacé l'usine
(photo novembre 2012)
La seconde usine des Lits Pardon fut installée 95-97 avenue de Choisy. A cette adresse se situaient auparavant, depuis 1876, les ateliers de construction mécanique de deux industriels, Jaegge et Pérard, qui avaient en particulier mis au point un "système de couvercles graisseurs à fermeture hermétique pour godets". Pardon prit leur suite, vers 1920. L’avenue de Choisy devint alors le siège des "usines métallurgiques Le Lit Pardon". Dirigée au milieu des années 1930 par Robert Pardon et Hubert Simonel, la maison disposait en outre d’une deuxième usine à Marseille. 

Pardon resta avenue de Choisy jusque dans les années 1960, avant de laisser la place à des immeubles d’habitation sans grâce. Et de sombrer dans l’oubli.

Vue de l'intérieur de l'usine Pardon, avenue de Choisy
Carte promotionnelle représentant les usines Pardon en 1928 (collection Alain Faure)