dimanche 3 novembre 2013

La Mairie du IXe arrondissement, fugace manufacture de tabac



Hôtel d’Augny
6 rue Drouot

   La mairie du IXe diffère de celles des autres arrondissements. Seule dans son genre, elle est installée dans un hôtel particulier utilisé, un temps, comme manufacture.

Passé le portail au fronton triangulaire donnant sur la rue Drouot, apparaît au fond de la cour l’ancien hôtel d’Augny. Un pavillon central à trois pans, flanqué de deux ailes ajoutées après coup. Il fut construit en 1750 sur les plans de l’architecte Charles-Etienne Briseux pour Alexandre d’Augny, un fermier général. Celui-ci y logea quelques années une comédienne dont il était épris même si elle le trompait copieusement, Mlle de Beauménard, dite « Mademoiselle Gogo », son premier rôle à succès.

Pendant la Révolution, le « citoyen d’Augny » fut arrêté et gardé provisoirement chez lui « à titre d’ancien fermier général », mais il survécut, et termina sa vie ici. Après sa mort, en 1798, l’hôtel passa aux mains de son cousin Parron. Il le loua d’abord au sellier et carrossier Nicolas Duchesne, qui utilisa une partie des locaux pour son entreprise. Puis, en 1806, l’hôtel fut vendu à la famille Robillard.

Plan du quartier (Atlas Vasserot, 1810-1836).
Au centre de l'îlot, l'hôtel d'Augny et son jardin (doc Mairie de Paris).  

La Révolution, qui avait sonné le glas des fermiers généraux, avait au contraire permis aux Robillard de s’enrichir. En 1791, l’Assemblée Nationale avait déclaré la liberté de cultiver, de fabriquer et de débiter le tabac. Pierre-Antoine Robillard et son neveu Jacques-Florent en avaient profité pour reprendre la seule manufacture de la capitale. Elle était alors installée dans l’hôtel Longueville, rue Thomas-du-Louvre, près des Tuileries. 

Lorsque cet hôtel ancien fut démoli pour agrandir la place du Carrousel, les Robillard durent trouver un point de chute pour leur manufacture. Ce furent l’hôtel d’Augny et ses environs, puisque Pierre-Antoine et Jacques-Florent Robillard acquirent dans les mêmes années 1806-1807 une annexe de la demeure, ainsi que l’ancienne caserne des Suisses, incendiée en 1792.

La nouvelle société Robillard et Cie déménagea sa manufacture de tabac dans ces bâtiments, tout en ajoutant semble-t-il deux ateliers au fond du jardin. Pendant quelques années, 450 personnes environ y fabriquèrent du tabac râpé en poudre, à partir d’un mélange contenant deux tiers de feuilles de Virginie, un tiers de feuilles européennes.

Le passage des Robillard rue de la Grange-Batelière (le nom de la rue Drouot à l’époque) fut de courte durée. Dès 1810, Napoléon rétablit le monopole de l’Etat sur le tabac.

Carte postale représentant la mairie au début du XXème siècle
Dans Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1875), Maxime du Camp, le grand ami de Flaubert, donne sa version de l’histoire. « Au commencement de l’hiver de 1810, à un bal donné au palais des Tuileries, l’empereur vit passer devant lui une femme couverte de diamants. Il demanda quelle était la personne qui était assez riche pour étaler une telle profusion de pierreries. On lui répondit que c'était tout simplement madame Robillard, dont le mari était fabricant de tabacs. Ce renseignement ne tomba pas, comme l’on dit vulgairement, dans l’oreille d’un sourd, et dès le 29 décembre de la même année un décret, complété par un autre du 11 janvier 1811, décidait que dorénavant la fabrication et la vente des tabacs appartiendraient exclusivement à l'État. »

Jacques-Florent Robillard semblait pourtant apprécié de Napoléon. Dix ans plus tôt, celui-ci en avait fait l’un des régents de la Banque de France. Et c’est chez Robillard que l’Empereur s’approvisionnait en tabac. Durant la seule année 1808, la manufacture de l’hôtel d’Augny lui avait livré 42 kilos de tabac à priser, dans des pots en grès et des coffrets.

Mais le décret de décembre 1810 est explicite : la concurrence n’a pas fait baisser les prix, les fabricants ont commis des « abus », ils se sont partagés l’essentiel des recettes au détriment du Trésor. L’heure est donc venue de renationaliser cette industrie, et pour Robillard de quitter l’hôtel d’Augny.

Celui-ci est revendu en 1813 à Jean Joseph Bernard, fermier général des jeux de Paris, et l’hôtel devient une maison de jeux. Les ateliers installés dans le jardin sont détruits au bout de quelques années. L’hôtel est ensuite la propriété d’Alexandre Aguado, un ancien officier espagnol ayant fait fortune en France, puis d’une compagnie d’assurances, avant d’être récupéré par la Ville de Paris en 1848. 
Depuis 1860, la fugace manufacture est devenue la mairie du IXème arrondissement


2 commentaires:

  1. Ancienne manufacture de tabac ? Je ne savais pas merci.
    En allant voter on peut s'attarder derrière l'édifice, les jardins sont très beaux.

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