dimanche 15 juin 2014

Octobre 1915 : l'usine de grenades Billant explose rue de Tolbiac

Deux policiers devant les décombres de l'usine Billant, octobre 1915 (photographie agence Rol)

174 rue de Tolbiac 

Métro Tolbiac  

La désindustrialisation de Paris a parfois été violente. Le 20 octobre 1915, une fabrique de grenades explose au 174, rue de Tolbiac. Elle provoque une cinquantaine de morts, une centaine de blessés, dévaste les immeubles alentours, et signe la fin de ce type d’industrie dans Paris intra muros.

L’usine en cause appartenait à Louis Billant, un ingénieur mécanicien, spécialiste des instruments de précision, installé 3 passage du Moulin des Prés. Inventeur de diverses machines, il avait déposé des brevets dès 1905. Avec la guerre, ses compétences intéressèrent au plus haut point l’armée, qui cherchait d’urgence à s’approvisionner en grenades modernes.



Grenade Billant, 1916
En collaboration avec le Génie, Billant conçut un nouveau type de grenade, la grenade P1. 
"On demanda alors à ce petit mécanicien d’entreprendre immédiatement une fabrication en grand, rapporta après l’accident Albert Thomas, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’artillerie et des munitions. A côté de son atelier, il y avait un terrain vague, il demanda à l’occuper. Des officiers du génie firent avec lui un certain nombre de démarches pour l'installation, et c'est ainsi que l’atelier fut établi dans la rue de Tolbiac."
 
Depuis l’explosion de la poudrerie de Grenelle en 1794, qui avait tué plus de 1000 personnes parmi les employés et la population voisine, les pouvoirs publics connaissaient pourtant les risques de ce type d’établissements. La préfecture de police avait donc prescrit de limiter la quantité d'explosifs emmagasinée, de séparer les magasins d’explosifs du magasin de détonateurs, de prévoir des ateliers différents pour chacune des opérations de fabrication. Sans oublier de récupérer deux fois par jour les grenades achevées, de manière à ne conserver sur place que 5.000 grenades achevées au maximum. 


Mais l’état-major, lui, réclamait toujours plus de munitions. Si bien que la production du petit atelier de la rue de Tolbiac monta jusqu’à 30.000 grenades par jour. 


Le ministère envisageait bien d’ouvrir une usine plus importante hors de Paris pour répondre à la demande et fermer le dangereux site de la Butte-aux-cailles. Mais il explosa avant que ces vœux pieux aient trouvé un début d’exécution. Ce jour-là, au lieu de 5.000 grenades chargées, il y en avait 15.000 rue de Tolbiac, peut-être plus. 

L'usine Billant après l'explosion (Photographie agence Rol)

"Des ouvriers procédaient à l’installation, sur un camion, de caisses contenant des matières explosives lorsque l’une d’elles tomba, occasionnant ainsi la déflagration de tous les engins qui se trouvaient à proximité, selon le Journal des débats politiques et littéraires. Puis une seconde série de détonations suivit, et un nuage s’éleva de l’usine." Brouillard mortel rue de Tolbiac.

Sur place, rien ne subsiste aujourd’hui de la défunte fabrique de grenades.




Après l'explosion (Photographie agence Rol)

1 commentaire:

  1. Bonjour, en promenade dans le quartier j'ai lu la pancarte posée dans la rue expliquant cet accident. Et M. google m'a amené à vos explications bien détaillées. merci

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