11, Cité de l'Ameublement (juin 2011) |
Dans l’est parisien, l’industrie de l’ameublement ne s’est pas limitée au faubourg Saint-Antoine. Pour preuve, cette Cité de l’ameublement, située un peu plus loin de la Bastille. Elle ne porte ce nom que depuis 1930, lorsque les propriétaires riverains rebaptisèrent ainsi la Cité Charles-Humbert. Mais depuis des années déjà, cette voie privée débouchant 31 rue de Montreuil était bordée de petites fabriques de meubles.
En août 1911, un drame secoue le quartier. Un ouvrier russe tire sur un autre, dans l’atelier même de M. Maurin, l’ébéniste de la Cité chez lequel ils étaient entrés l'un après l'autre, rapporte "Le Petit Parisien". "Malgré ses efforts, le dernier venu n’arrivait pas à rendre à son patron les mêmes services que Splassi, et son salaire, par conséquent, était inférieur. Nielendoft en conçut, peu à peu, une jalousie féroce. Bientôt, les deux compatriotes furent ennemis implacables. (…) Hier matin, à propos d'un outil égaré, Nielendoft accusa son ancien camarade de le lui avoir volé. Indigné, celui-ci se précipita sur lui, armé d'une varlope. L'autre riposta à coups de compas. On sépara les combattants. Le patron les avertit qu'il en avait assez, et que, désormais, il se passerait d’eux. Ils devaient donc quitter l'atelier, lorsque dans l’après-midi une nouvelle scène, plus grave encore, éclata. Les ouvriers étaient occupés à leur établi, quand, soudain, deux détonations éclatèrent."
Aujourd’hui, même si les ébénistes, scieurs, etc., ont largement cédé la place à des galeries d’art, il reste quelques traces du passé ouvrier de la Cité. Ce dont témoignent au numéro 5 les établissements Le Briand (sommiers, matelas en laine sur mesures), installés dans le quartier depuis 1880. Et au numéro 11 ce beau fronton en mosaïque : "J. Canet. Fabrique de meubles modernes et de styles. Salles à manger. Chambres à coucher".
La Cité de l'Ameublement (juin 2011) |