mercredi 7 décembre 2011

Une usine dans les sous-sols de la Bourse du commerce

La façade de la Bourse du commerce (décembre 2011)

Ancienne halle au blé, devenue Bourse du commerce puis centre de formalités pour les entreprises, le curieux édifice circulaire de la rue de Viarmes, près des Halles, a toujours penché du côté du négoce plus que de celui de la production. Ce temple du commerce est pourtant aussi un lieu de mémoire industrielle. D’abord à cause de la fresque qui orne la base de la coupole et célèbre les vertus des échanges entre continents : pour symboliser l’Europe, Hippolyte Lucas a peint de grandes usines avec leurs cheminées fumantes. Ensuite et surtout, la Bourse a elle-même abrité une usine. 

En 1889, quand l’ancienne halle au blé a été transformée en Bourse du commerce, une petite centrale électrique a en effet été installée dans le sous-sol creusé pour l’occasion. Elle permettait d’éclairer la Bourse et le quartier alentour. De plus, les moteurs fonctionnant à l’air comprimé, le froid produit par l’air en se détendant servait aux entrepôts frigorifiques installés également dans les sous-sols de la Bourse et loués à des commerçants des Halles, notamment pour y conserver des fruits et légumes. De la cogénération avant l’heure.

Cette usine souterraine appartenait à la Compagnie Parisienne d’Air Comprimé, également propriétaire d’unités de ce type rue des Jeûneurs et cité du Retiro (rue Boissy-d’Anglas), d’un superbe vaisseau amiral quai de la gare, et d’autres sites encore.  

Aujourd'hui, on peut toujours descendre le grand escalier et descendre au sous-sol. Mais on n'y entend plus le grondement des machines Paxmann de 50 chevaux actionnant des dynamos de 75 ampères. Des salles de réunion aveugles ont remplacé la salle des machines et les chambres froides. 

En sortant, ne pas oublier de réveiller la polémique sur "lequel est le plus noble, du commerce ou de l'industrie" - c'était l'une des idées reçues recensées par Flaubert dans son fameux Dictionnaire, à l'époque justement de la construction de la Bourse. 

L'Europe et ses usines représentées par Hippolyte Lucas (détail)

L'intérieur de la Bourse du commerce, avec sa coupole
(décembre 2011)

3 commentaires:

  1. Bonjour
    qu'est-ce qui advient de ces peintures dans le projet Pinault ? Seront-elles toujours visibles ? D'autant qu'à part dans ce blog, on ne les voit nulle part et que le peintre Lucas est très peu connu (et étudié).

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  2. Les peintures de la toile marouflée ont toutes été restaurées et sont visibles maintenant que la Bourse de Commerce est devenue un musée d’art contemporain.

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